Quel est l'âge de la Terre? Dès que les Hommes ont eu conscience de l'existence de la Terre, ils ont été préoccupés par cette question.
Au départ, les Hommes avaient une conception fixiste de la Terre. Ils pensaient que sa formation avait été le fruit d'une succession d'évènements catastrophiques et qu'elle avait acquis rapidement l'aspect qu'ils lui connaissaient. L'idée de la création de la Terre en six jours a ensuite été reprise par l'Église et cette conception a dominé jusqu'au 19ème siècle.
Calculé à 4000 ans avant J.-C. à la Renaissance, l'âge de la terre sera
estimé à quelques dizaines de millions d’années à la fin du XIXe siècle.
Il est maintenant fixé à 4,7 milliards
d’années.
Comment notre planète a-t-elle pu vieillir de plus de 4 milliards d’années en 400 ans ?
Le XVIIIe siècle voit s’ébaucher des idées qui vont
presque toutes se développer par la suite:
1. Les temps de stratification et d’érosion.
2. Les temps de refroidissement extrapolés à la Terre.
3. La teneur en sel des océans.
4. L’évolution de la distance Terre-Lune.
L’âge biblique
Les temps de stratification et d’érosion
Les temps de refroidissement
Buffon peut être considéré comme le fondateur de la datation
scientifique.
Il propose des modèles théoriques et des mesures expérimentales afférentes:
la Terre serait le résultat du refroidissement d’une planète composée initialement de roches
en fusion.
Son hypothèse est celle d’une sphère incandescente qui se refroidit.
Dans ses forges de Montbard, il chauffe au rouge des sphères de rayons différents
et composées de matériaux variés, puis en mesure les temps de refroidissement jusqu’à la température ambiante. Il extrapole ses résultats à une sphère aux dimensions terrestres.
Mais il ne dispose d’aucune théorie pour le faire et son extrapolation – linéaire – menée à partir
de boulets de dimensions comprises entre 1/2 pouce et 5 pouces, jusqu’au rayon terrestre de 6 400 km, est fausse.
Arrive alors le « secours » de la théorie en la personne de William Thomson (1824-1907) qui deviendra Lord Kelvin. En s’appuyant sur l’équation de la chaleur, il donne d’abord une fourchette de 20-400 millions d’années en 1862, puis la réduit à 20-40 millions en 1897.
Il faut comprendre pourquoi cette affirmation a été prise pour parole d’Évangile : la validité de l’équation de Fourier, toujours testée avec succès, semble impossible à mettre en défaut ; elle avait presque la même autorité que la loi de la gravitation.
La salinité des océans
L'évolution biologique
La distance Terre Lune
La radioactivité
La découverte de la radioactivité, à la fin du XIXe siècle,
permit de donner un âge absolu à la Terre, âge
aujourd’hui fixé à 4,7 milliards d’années.
Elle invalidait les calculs des physiciens du siècle précédent. Le
« vast amount of time » de Darwin y gagne sa pleine accréditation
scientifique.
Rutherford a d’abord utilisé la quantité d’hélium dégagée par la désintégration radioactive de l’uranium et obtenu une estimation de 497 millions d’années, qu’il savait sous-estimée puisqu’une grande quantité d’hélium s’était certainement échappée de la roche
En 1905, Bertram Borden Boltwood (1870-1927)
comprit que la désintégration de l’uranium produit du plomb.
En se servant des âges géologiques des roches, il constata que le rapport
Pb/U est d’autant plus élevé que la roche est vieille.
Aussi il proposa une méthode plus fiable en mesurant le
plomb comme élément final (et non volatil) de la désintégration
de l’uranium.
Avec cette méthode, Boltwood
obtint en 1907 une fourchette d’âge comprise entre
410 millions et 2,2 milliards d’années.
Clair Patterson (1922-1995) comprend que les
plus vieilles roches accessibles, situées à la
surface de la Terre, ne peuvent fournir que l’âge de la
croûte terrestre consolidée.
Plusieurs grandes structures géologiques appelées cratons
existent et dont l’âge excède les 3 milliards d’années (Canada, Afrique du Sud, Australie).
Dans les années 1930, les astronomes dataient, quant à eux, les « débuts » de l’Univers à 2 milliards d’années. C’était l’âge estimé à partir d’une estimation erronée du taux d’expansion de l’Univers par Hubble. Cet âge sera revu pour aboutir aux 13,7 milliards d’années du Big-Bang.
Où trouver des échantillons réellement primitifs
?
La réponse se trouve dans les météorites.
Le Soleil, la Terre et le système planétaire sont nés presque
simultanément.
Les modèles d’accrétion qui expliqueraient
la formation de la Terre sont encore discutés, mais
tous donnent des durées de formation de l’ordre de
quelques dizaines de millions d’années.
Actuellement, la datation s’estime généralement en
utilisant plusieurs chaînes de désintégration : potassiumargon,
thorium-plomb, uranium-plomb, rubidium-strontium.
Dans la plupart des cas, on peut tester la cohérence
interne du modèle en vérifiant que des résultats de mesure
se retrouvent sur une courbe théorique.
Conclusion
Pour Ussher ou
Newton, la réponse se trouvait dans la Bible, source divine
de vérité. Les données empiriques n’étaient pas extraites
du terrain, mais du Livre Saint.
Aucune confrontation à des résultats expérimentaux n’était envisagée.
Il s’agissait d’une démarche très savante mais scolastique (fondée sur des textes).
Buffon est l’un des premiers à rompre avec cette logique.
Il a proposé des théories, des expériences correspondantes et des mesures.
Cet âge de 4,7 milliards d’années n’est pas un simple
nombre : seule cette échelle de temps rend intelligibles l’établissement de l’ordre du système
solaire et la complexité du vivant